L'Esprit n'est pas descendu qu'une seule fois il y a 2000 ans, il
visite la terre encore et encore au fil des siècles, là où et quand
les cœurs désirent son vent tonifiant et purificateur. L'un de ces époques
et lieux fut dans l'État de New York au début du 19e siècle, quand un
jeune avocat du nom de Charles Finney connut une conversion si puissante
que son impact fut ressenti partout dans le monde. Cette histoire est
mieux racontée par Finney lui-même, dans son mémoire, publié pour la
première fois en 1876 (édité pour cet affichage sur le Web).
Je suis née à Litchfield County, dans l'état de Connecticut, en 1792.
Mes parents n'étaient pas religieux. J'entendis rarement des sermons,
si ce n'est de quelque évangéliste itinérant inculte, et je me souviens
très bien que les gens de retour des réunions riaient des erreurs qui
avaient été faites et les absurdités qui ont été avancées.
En 1818, quand j'avais 26 ans, j'entrai dans le cabinet de Maître
W— à Adams, dans le comté de Jefferson, au nord de l'État de New York,
en tant qu'étudiant. Jusqu'à ce moment, je n'avais jamais vécu dans
une communauté de prière, sauf quand j'étais à l'école secondaire en
Nouvelle-Angleterre. La prédication là-bas fut par un ecclésiastique
âgé, un homme excellent, mais qui lut ses sermons d'une manière banale
et monotone, ne laissant aucune impression sur mon esprit.
Ainsi, quand je suis allé à Adams pour étudier le droit, je fus presque
aussi ignorant de la religion qu'un païen. En étudiant la loi, je trouvai
que les auteurs citaient souvent les Ecritures, et faisaient référence
particulièrement à Moïse comme l'autorité de nombreux principes du droit
commun. Cela excitait ma curiosité au point que je suis allé acheter
une Bible, la première que j'ai jamais possédée, et chaque fois que
je trouvai une référence à la Bible, je tournai vers le passage et le
consulta à son égard. Ceci conduisit rapidement à ce que je prisse un
nouvel intérêt dans la Bible, et je la lus et méditai sur elle plus
que je n'avais jamais fait avant dans ma vie. Toutefois, je ne comprenais
toujours pas une grande partie de ce que je lisais.
Je commençai à parler au pasteur de la région, mais je le trouvai
impossible d'attacher quelque sens que ce soit à de nombreux termes
dont il se servait. Que voulait-il dire par le repentir? Et que voulait-il
dire par la foi? Et je fus particulièrement frappé par le fait que les
prières que j’entendais de semaine en semaine ne furent pas — ce que
je pus constater — exaucées. Et alors, à mesure que je lisais ma Bible
et assistais à des réunions de prière, je devins très agité.
Mais j'étais très égoïste, sans le savoir. Je n'avais aucun respect
pour les opinions des autres, et ne voulais pas que qui que ce soit
sache que je cherchais le salut de mon âme. Lorsque je priais, je chuchotais,
après avoir tamponné le trou de la serrure de la porte, de peur que
quelqu'un me découvre. Et j'ai gardé ma Bible hors de la vue. Si je
la lisais quand quelqu'un entra, je jetais mes livres de droit dessus,
pour créer l'impression que je ne l'avais pas eu dans ma main. Je ne
voulais pas m'entretenir avec le pasteur, parce que je ne voulais pas
le laisser deviner comment je me sentais, et pour la même raison, j'évitais
toute conversation avec les anciens de l'église.
Puis, une nuit en Octobre 1821, un étrange sentiment m'envahit, comme
si j'étais sur le point de mourir. Je savais que si je mourus, je m'affaisserai
dans l'enfer, mais je me calmai au mieux que j'ai pu jusqu'au matin.
De bonne heure, je partis au bureau. Mais juste avant mon arrivée
au bureau, je sentais que je fus confronté par quelque chose : « Qu'est-ce
que tu attends ? Qu'est-ce que tu essaies de faire ? Cherches-tu à concocter
ta propre vertu ? »
Juste à ce moment la question du salut dans toute sa complexité s'ouvrit
à mon esprit d'une manière toute à fait merveilleuse. J'ai vu, avec
une clarté que je n'ai jamais éprouvée depuis, la réalité et la plénitude
de la rédemption du Christ. Je vis que son œuvre était un œuvre accompli,
et qu'au lieu d'avoir, ou d'avoir besoin de, quelque justice personnelle
que ce soit pour me recommander à Dieu, je dus me soumettre à la justice
de Dieu par le Christ.
Le salut semblait être une offre qu'on accepte ; il fut abondant
et complet, et tout ce qui était exigé de moi était de renoncer à mes
péchés, et à accepter le Christ. Au nord du village il y avait un bois,
alors je fis demi-tour et me mis sur le chemin vers ce bois, sentant
que je devais être seul et loin de tous les yeux et les oreilles, afin
de pouvoir épancher ma prière à Dieu.
Mais mon orgueil se surélevait. Comme je parcourais la colline, il
m'est venu à l'esprit que quelqu'un pourrait me voir et croire que je
m'en allais prier. Probablement il n'y avait personne sur la terre qui
aurait soupçonné une telle chose, m'aurait-il vu en route. Mais si grande
était mon orgueil, et tant étais-je possédé par la crainte de l'homme,
que je passais furtivement le long de la clôture, jusqu'à ce que je
fusse si loin de la vue que personne ne pourrait me voir. Ensuite, je
pénétrai dans le bois et me mit à genoux pour prier, jurant que je donnerais
mon cœur à Dieu, ou ne jamais quitter le bois.
En revenant au village, je trouvai que mon esprit était devenu merveilleusement
calme et paisible.
Aucune parole ne peut exprimer l'amour qui était dans mon cœur. Je
pleurai de joie à haute voix, et je hurlai à tue-tête les débordements
inexprimables de mon cœur.
Le lendemain matin, un client vint dans le bureau et me dit : « M.
Finney, vous rappelez-vous que ma cause sera jugée à dix heures ce matin
? Je suppose que vous êtes prêt ? ». Il m'avait retenu en tant qu'avocat
pour assister à cette action. Je lui répondis, « M. B—, j'ai été retenu
par le Seigneur Jésus-Christ pour plaider sa cause ; je ne peux plus
plaider la vôtre ». Il me regarda avec étonnement, et me dit : « Que
voulez-vous dire ? » Je lui ai dit, en quelques mots, que je me suis
engagé dans la cause du Christ, et qu'il fallait aller chercher quelqu'un
d'autre pour se présenter au tribunal, je ne pouvais pas le faire. Sans
aucune réponse, il sortit, et je sortis du bureau à mon tour pour converser
avec ceux que je rencontrerais vis-à-vis de leurs âmes. J'eus l'impression,
qui ne quitta jamais mon esprit, que Dieu voulait que je prêche l'Evangile,
et que je devais commencer immédiatement.
Je n'avais plus aucun désir de pratiquer le droit. Tout dans cette
direction fut fermé. Mon esprit tout entier fut épris par Jésus et son
salut ; il me semblait que le monde n'avait guère d'importance. Rien,
me semblait-il, pourrait être mis en concurrence avec la valeur des
âmes ; aucun travail ne pourrait être si doux, et aucun emploi si exalté,
que celui de soulever le Christ à un monde mourant.